L’Elevage du CHANU
Episode 1
Yves et Brigitte LANGELIER
Nombreux déjà sont les pionniers du renouveau du cheval de sport partis vers des chevauchées célestes. D’aucuns dont le nom a résonné et résonne encore partout dans le monde. D’autres, plus discrets mais dont l’action a été autant déterminante pour la renommée de l’élevage normand. René Bédouin fut de ceux-là. Agriculteur au village Chanu à Hocquigny, une petite bourgade qui jouxte La Haye Pesnel n’en étant séparée que par la ligne de chemin de fer qui relie Saint-Lô à Rennes avec tout près la gare de Foligny, autrefois plaque tournante du transport des bovins de race normande, il sut transmettre à ses deux fils Patrick et Jacques la passion de l’élevage. L’un et l’autre disparus prématurément. La Société Hippique de La Haye Pesnel reconnaissante a donné le nom de Jacques Bédouin à la plaine équestre. En 1975, Brigitte Bédouin, leur sœur, épousait Yves Langelier, agriculteur à La Mouche, une commune voisine dont les parents ne possédaient que des chevaux pour le travail. Ni Brigitte, ni Yves ne furent cavaliers. Ensemble, avec une discrétion et un acharnement qui demeurent, tant dans le domaine de l’élevage bovin normand où ils excellaient que dans l’élevage du cheval de sport, ils ont en un quart de siècle, fait de l’affixe « Chanu » une référence.
René BEDOUIN le fondateur
Décédé en 2015 à l’âge de 96 ans, René Bédouin a laissé à Brigitte sa fille et Yves Langelier son gendre, un corpus d’élevage bâtit essentiellement sur la souche de Son Altesse améliorée par les croisements élaborés par Marcel Lebourgeois d’une part, tout autant que par Jean Fleury puis Pierre et Jeanne Mouchel (NDLR : veuve de Jean Fleury), d’autre part.
Alors qu’Yves et Brigitte Langelier se sont appuyés sur Magali, René Bedouin aidé de ses deux fils a fait prospérer celle de sa sœur utérine Libellule L. Yves Langelier nous dit que René Bédouin et son épouse avait noué des relations proches avec Pierre Mouchel.
Queven du Hequet , une matrone
C’est dans cet état d’esprit que les fermiers du Chanu se rendirent acquéreurs de Queven du Hequet . Cette jument baie née en 1982 était une fille de Nankin. Sa mère Irrésistible (Tanael), était le 6ème produit de Libellule L. Avant, il y avait eu Alpha D (Olifant) ISO 161 en 1974 acquise par Jean Le Prieur, avocat à Saint-Lô. Le dernier produit d’Irrésistible ne fut que la célèbre Etoupe II (Quidam de Revel) dont la descendance se lit aujourd’hui via l’affixe Semilly dont Good Pleasure et Hot Pleasure Semilly. Croisée avec beaucoup de subtilité, Queven a donné une lignée de Chanu dont la qualité est confirmée par les performances.
Huit Chanu et des Chayottes
Le premier d’entre eux nait en 1991. Fils de Narcos II, Derby du Chanu obtint le top price des ventes de Saint-James. C’est naturellement que sa propriétaire le confia à Patrick Martin, dont le père Emile fut l’un des fondateurs de Manche Sélection. Le Fougerais le montera pendant l’essentiel de sa carrière avec en particulier une place de 3ème dans le GP de Villedieu en 1999. Comme Derby, Gypsy (Quito de Baussy) nait sous le nom de Jacques Bedouin qui décédera quelques temps plus tard.
Grande jument jointée long, elle ne débute sa carrière qu’à l’âge de 6 ans sous la selle de Roger-Yves Bost. A Saint-Lô on la verra déjà bien se classer dans le Grand Prix des 7 ans lors du NHS 2001. Bosty lui restera fidèle jusqu’en 2004 avec de belles performances nationales et internationales – ISO 150 EN 2000. Elle meurt en 2008 après avoir produit Traviata Sange (For Pleasure) une jument qui évolue au niveau 125/130 avec Magali Jalibert en Occitanie.
Irrésistible du Chanu, sa sœur, acquise par Céline et Sébastien Bonal à Grammat dans le Lot fréquente les pistes jusqu’à l’âge de 6 ans. Mise à l’élevage elle produit avec Zandor Z, Qunai des Chayottes, hongre, (ISO 172 en 2013) avec l’Espagnol Julio Arias- Cueva. Saphir des Chayottes (Diamant de Semilly), hongre (ISO 159 en 2016), CSI5* monté par Mathieu Billot (photo) poursuit, depuis 2018 sa carrière avec le Marocain Bennani Smires.
Katchanue (Calypso de Moyon), finaliste à Fontainebleau dans son année de 4 ans, devient poulinière. En 2004, nait Quel Chanu (Flipper d’Elle) (Photo de gauche CSI3* de St-Lô) :« Il a été vendu à Nash. Ce jour là il avait bien sauté en liberté. Je trouvais qu’il était un peu lourd, qu’il manquait de sang » se souvient Yves Langelier en ajoutant : « Il a fait une très belle carrière. » Monté par Juliette Franchi- Laski et un peu par Jules Bertrand, il émigre chez Philippe Rozier pour la saison des 8 ans. Il explose l’année suivante lors de la tournée marocaine, remporte le GP CSI3* du Touquet en 2015 et franchit même le cap du niveau 5 étoiles. La relation avec le cavalier de Bois le Roy se conclut à Bâle en 2017 avec une victoire sur 140. Il termine sa carrière en 2019 avec Margaux Guyonnet, une jeune cavalière.